L'interview croisée d'étudiants inscrits au Collège de droit d'Assas et de la Sorbonne

L'interview croisée d'étudiants inscrits au Collège de droit d'Assas et de la Sorbonne

Fondés respectivement en 2008 et 2016 les Collèges de Droit d’Assas et de la Sorbonne accueillent et forment chaque année moins d’une centaine d’étudiants triés sur le volet.

Ces formations s’adressent à des étudiants particulièrement brillants. Afin de vous permettre de mieux comprendre l’organisation pédagogique des deux Collèges de Droit d’Assas et de la Sorbonne nous avons interrogé un étudiant de chaque faculté.

Vous découvrirez leurs parcours, les modalités de sélection et d’examens ainsi que les différences entre ces deux formations d’excellence.

L'interview croisée d'étudiants inscrits au Collège de droit d'Assas et de la Sorbonne

Présentation :

Killian (Sorbonne) :

Je suis étudiant en 3e année au collège de droit de la Sorbonne, j’ai 21 ans. J’ai intégré le CDD en 1ère année après avoir passé mon bac en Ardèche à Annonay. J’ai obtenu une mention TB au bac avec les spécialités : SES et LLCS après avoir arrêté les maths en 1ère.

Lors de la phase de choix sur Parcoursup, j’ai choisi le collège de droit un peu par hasard, car il me manquait un vœu supplémentaire.

Jacob (Assas) :

Je suis rentré en 1ère année il y a quelques mois et j’ai intégré le Collège de droit à Assas directement après le bac. Je souhaitais intégrer une fac de droit à Paris après le lycée. J’étais à l’Ecole Alsacienne et j’ai suivi les spécialités Mathématiques et SES en Terminale. J’ai obtenu la mention Très Bien au baccalauréat.


Quels étaient tes principaux vœux sur Parcoursup ?

Killian (Sorbonne) :

J’ai demandé principalement des facs de droit, notamment mes facultés de secteur comme Grenoble et Lyon. J’avais également formulé des vœux en prépa D1 à l’ENC Bessières et à Turgot qui est en partenariat avec la Sorbonne.

Je n’ai pas demandé la licence de droit « classique » de la Sorbonne, avec 10 000 demandes c’était impossible en venant de l’académie de Grenoble. En choisissant une formation sélective je me suis différencié de mes camarades en vue de la sélection en master. Il n’y a pas plus de places en master qu’avant et les licences de droit sont très demandées donc je voulais avoir un parcours différent pour passer en master.

Jacob (Assas) :

Je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire, et je ne voulais pas me fermer à une simple licence. J’ai donc choisi des vœux sélectifs comme le collège ou des doubles licences en droit gestion à la Sorbonne et Droit-Eco à Assas.

Avez-vous demandé le collège de droit d’une autre université ?

Killian (Sorbonne) :

Je n’ai pas demandé le collège de droit d’Assas parce que je trouvais que les formations étaient différentes.

Jacob (Assas) :

Je n’avais pas demandé le collège de droit de la Sorbonne, je ne saurais pas dire pourquoi mais certainement la proximité géographique avec Assas et le fait que mes frères étudient également dans cette université.


Est-ce qu’il y a une filière spécifique dans ton collège de droit ? À laquelle es-tu inscrit ?

Killian (Sorbonne) :

La promotion n’est pas divisée par filières, nous suivons tous les mêmes enseignements. Les cours sont généraux. On suit de nombreux séminaires tels que :

  • Histoire de la pensée économique
  • Grands systèmes de droit comparé
  • Culture classique et religieuse
  • Histoire contemporaine

Nous avons également des ateliers pratiques (art et techniques d’éloquence, littérature et droit…) ainsi que des conférences au cours desquelles les 3 promos du collège sont réunies.

Jacob (Assas) :

En première année il n’y a pas de filières mais on a le choix entre plusieurs parcours en L2. La plupart des cours sont communs à tous les étudiants du collège mais une spécialité peut être choisie entre :

  • Fondements du droit
  • Droits étrangers, comparaison et enjeux juridiques internationaux
  • Economie-gestion

Quel est ton projet professionnel ?

Killian (Sorbonne) :

Si le choix du droit était un choix par défaut au début, désormais j’aime ce que j’étudie. Je ne me destine pas à devenir avocat mais j’aimerais faire de la propriété intellectuelle. D’ailleurs j’ai postulé dans le master de PI dirigé par Tristan Azzi à la Sorbonne. Mon objectif est de rejoindre une boîte de prod en tant que juriste.

(Lors du salon des masters à la Sorbonne, on a vu que le Master de PI dirigé par Tristan Azzi était très demandé.)

Jacob (Assas) :

J’aimerais aller à l’étranger après ma licence à Oxford ou Cambridge pour faire du corporate law à l’étranger. Et à terme j’aimerais faire du droit des affaires, droit des sociétés. D’ailleurs je fais un stage en M&A cet été.


Participes-tu à des activités extra-universitaires ?

Killian (Sorbonne) :

Je suis responsable communication de l’association du CDD et je fais du théâtre à la FAC. La Sorbonne propose de nombreuses activités culturelles et sportives.

Depuis très longtemps j’aime le monde de la culture, et l’offre culturelle est limitée en Ardèche alors qu’à Paris je peux en profiter pleinement.

Jacob (Assas) :

Je fais du running et je préparais le marathon mais j’ai dû reporter ma préparation à cause des cours. L’organisation de mon temps de travail était un peu difficile cette année.


Combien êtes-vous au collège de droit ?

Killian (Sorbonne) :

Il y a 50 étudiants en 1ère année au collège de droit de la Sorbonne mais il y a de nouvelles places ouvertes en L2 pour les étudiants ayant obtenu 14/20 de moyenne en L1.

A la Sorbonne il n’y a que très peu de gens qui ne restent pas dans la promo. Il faut valider son année mais il n’y a pas de minimum pour rester au collège de droit. Si jamais notre moyenne est un peu basse, les enseignants responsables du collège nous reçoivent pour nous remotiver et essayer de nous accompagner au mieux.

Jacob (Assas) :

Nous sommes 75 étudiants sur les 3 ans. En 1ère année la promo est divisée par équipe comme pour les étudiants en licence « classique ».

Mais la moitié des gens sortent du collège de droit d’Assas à la fin de la 1ère année si leurs résultats sont insuffisants. Il faut obtenir 13/20 de moyenne à ses partiels de droit et 13/20 de moyenne sur ses partiels. Si on n’obtient pas cette moyenne on reste en licence de droit « classique » et on ne suit plus les cours du CDD. Les enseignants ont tout de même une marge d’appréciation en cas d’accident, si on a 12,7/20 on peut rester au collège.

Lorsqu'un étudiant est remercié par du Collège de Droit, les enseignants sélectionnent des étudiants ayant eu 14/20 de moyenne pour les remplacer.


Quel diplôme obtiens-tu à la fin de tes 3 ans au collège de droit ?

Killian et Jacob :

On obtient un diplôme universitaire (DU) du Collège de droit. C’est un vrai plus dans le dossier pour la sélection en master.


En moyenne combien de temps consacres-tu aux enseignements du collège de droit et à ceux des cours de licence « classique » ?

Jacob (Assas) :

Les cours du collège de droit à Assas représentent 6 heures de plus qu’en licence simple et ça représente plus de la moitié de ma présence à la fac chaque semaine. En revanche, en travail quotidien à la maison la licence prend 4/5ème de mon temps.


Est-ce qu’il y a des devoirs supplémentaires à rendre pour les cours du collège ?

Killian (Sorbonne) :

Les cours du Collège de droit de la Sorbonne sont obligatoires mais je n’ai pas de devoirs à rendre, nous avons un partiel sous forme d’oral à la fin du semestre.

Jacob (Assas) :

Oui mais très peu en 1ère année. Je dois prochainement rendre une note de synthèse mais le temps consacré au Collège de droit par rapport à la licence à Assas est très faible.


Qu'est-ce que c'est le manifeste du collège de droit ?

Killian (Sorbonne) :

Le manifeste du collège de droit de la Sorbonne est « l’ouverture aux humanités ». Le cursus est organisé autour de différentes matières qui entretiennent des liens avec le droit.

Jacob (Assas) :

Il y a à Assas une volonté d’ouvrir nos horizons. Nous avons d’autres matières qui ne sont pas juridiques. Le mot de la directrice du collège de droit à la rentrée était « pour être un très bon juriste ça ne suffit pas d’être bon dans un domaine, il faut être bon partout. »


Quelles sont les modalités des examens ?

Killian (Sorbonne) :

L’examen est un oral, avec une dizaine de minutes de préparation. L’oral porte sur les séminaires que nous avons suivis pendant le semestre. Ça ressemble aux oraux dans les universités anglo-saxonnes.

Jacob (Assas) :

Nous avons des partiels écrits. On peut rédiger des commentaires de textes ou des notes de synthèse en 3h mais il y a aussi des examens d’1h30. C’est un fonctionnement très français.

Les directeurs du collège de droit sont Cécile Pérès et Pierre Yves Gautier en Master


Recommandes-tu le collège de droit ?

Killian (Sorbonne) :

Je le recommande à 100%. Je pense que lorsque nous arrivons en L1 dans un amphi ça doit être difficile. Alors qu’au collège de droit on avait eu 4 pré-rentrées, un groupe Instagram pour communiquer et donc très rapidement des liens se sont créés dans la promo. Je recommande cette formation pour son aspect « social » mais également pour l’aspect très pluridisciplinaire et la proximité avec nos enseignants.

Le corps enseignant est extrêmement à l’écoute et très disponible. J’ai rencontré des difficultés en fin de L1 et j’ai contacté un de mes enseignants qui m’a reçu dès le lendemain dans son bureau pour faire le point.

Jacob (Assas) :

Je le recommande fortement pour les mêmes raisons que Killian et pour l’aspect pluridisciplinaire. Ça serait éprouvant de ne faire que du droit et c’est aussi un bon point sur le dossier sans que ça prenne un temps démesuré.

On a un véritable cadre avec les enseignants, les anciens et l’équipe pédagogique qui organise des ateliers d’entraide. Toutes les semaines, des ateliers sont organisés et plusieurs fois par semestre notre responsable M. Lemarchand est disponible pour répondre à nos questions. On se sent moins lâché dans le grand bain de la fac.

L’équipe pédagogique est contributrice de notre objectif d’obtenir 13 de moyenne. Cet accompagnement change la donne.


Est-ce qu’il y a un réseau des étudiants du collège de droit ?

Killian (Sorbonne) :

Oui, on essaie de garder une logique de promo soudée. Il y a une bonne énergie et nous avons une association qui organise des événements comme des week-ends d’intégration, des after-works, etc.

Il y a un côté très chaleureux et familial.

Jacob (Assas) :

À Assas, il y a également une association et l’organisation d’un week-end d’intégration à la Gendarmerie de Dijon. Pendant le voyage nous sommes accompagnés par le responsable du CDD et entourés des étudiants des années précédentes. On dort dans la caserne, on fait le lever de drapeau et on fait de nombreuses activités de team-building. En L2 on ira à l’école des officiers.

Il y a également un système de parrainage avec les étudiants du CDD en L2 ou L3. Les parrains sont très dispos, ils peuvent nous donner les cours des années précédentes.

Il y a une très bonne ambiance avec l’équipe du collège de droit.


Comment s’est passé ta sélection au collège de droit ?

Killian (Sorbonne) :

À la Sorbonne il n’y a pas d’écrits. On a seulement notre dossier Parcoursup et un entretien oral. J’ai reçu un mail début mai pour un entretien quelques jours après. Mon oral s’est déroulé en visio avec un enseignant du Collège de droit.

L’oral dure 5/10 minutes avec une petite minute de présentation mais on arrive rapidement à l’essentiel : motivation, culture générale.

On m’a posé des questions d’actualité, par exemple : « avez-vous entendu parler d’une loi ». À l’époque il y avait la loi sécurité globale puis on m’a posé de nombreuses questions de philo et du dernier ouvrage que j’avais lu. Mais c’était un véritable échange, je n’ai pas ressenti que j’étais face à un jury.

Jacob (Assas) :

J’ai postulé sur Parcoursup pour le collège de droit et à la différence des autres vœux on est rappelé pour un examen écrit. Nous étions environ 500 personnes pour passer cette épreuve écrite. On doit répondre à un QCM avec de nombreuses questions de culture générale, de géopolitique, d’histoire et ça se déroule dans le grand amphi d’Assas pendant 1h30.

Je n’ai pas pu me préparer car j’étais en vacances lorsque j’ai reçu la convocation donc je suis rentré en urgence à Paris. Je me suis un peu entraîné avec des annales des concours Sésame mais c’était surtout pour me rassurer.

Et j’ai reçu très rapidement une convocation pour passer un entretien oral, on est environ 200 personnes à être convoquées à l’issue de l’épreuve écrite.

Lors de l’oral on ne va pas vous demander des exercices juridiques mais on va vous poser des questions philosophiques. C’est un entretien avec des enseignants d’Assas et on échange pendant une quinzaine de minutes.

Les questions sont liées aux enjeux actuels mais on peut retrouver des questions « classiques » telles que : Qu’est-ce que le droit ? Que feriez-vous pour répondre à un client déçu si vous êtes avocat ?

C’est une figure libre, le jury s’adapte au candidat, ils veulent savoir si vous êtes quelqu’un d’intéressant.


Quelle réputation a le Collège de Droit d’Assas et la Sorbonne ?

Killian (Sorbonne) :

Sur le fond des cours, je pensais que le collège d’Assas était fait pour former uniquement des juristes et qu'on ne fera que du droit. Alors que finalement je découvre qu’il y a une ouverture pour d’autres matières.

Et puis lors d’un forum j’ai découvert que des étudiants du collège d’Assas ne se connaissaient pas et ça m’a surpris puisqu’à la Sorbonne je connais le nom de tous les étudiants inscrits au collège.

Jacob (Assas) :

Souvent c’est la différence « politique » entre Assas et la Sorbonne dont les gens vont discuter mais il n’y a pas d’appréciation sur le collège de la Sorbonne. Le modèle de la Sorbonne est plus libéral et anglo-saxon là où Assas est très français et « droit ».

Jacob, quel est l'apport de Major Droit dans ton parcours universitaire ?

Jacob (Assas) :

Un véritable gain de temps. En droit privé avec Madame Girardet on voit en 1h ce qu’on voit en 3h à la fac et l’accompagnement pour les TD est extrêmement utile pour préparer nos séances.

J’ai obtenu 14,5 de moyenne au semestre 1 et la prépa y a fortement contribué.